Les descendants d'Augustin Roy et Jeanne Pichaud

Histoires de famille       .

 

 

Ascendances d'Augustin et Jeanne  
La Ruffelière  
Valentine témoigne  
Quelle histouère !  
 

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Généalogie, toponymie, témoignages...

A la découverte des ancêtres communs de tous les cousins

Les deux tableaux suivants affichent la généalogie de nos ancêtres communs, Augustin et Jeanne.

Ascendance d'Augustin ROY

Ascendance de Jeanne PICHAUD

 

La Ruffelière

Augustin Roy et Jeanne Pichaud vinrent s’établir à la ferme de la Ruffelière en Saint-Philbert-de-Bouaine et ils y vécurent jusqu’à leur décès. Plusieurs de leurs enfants y fondèrent également leur famille. La ferme étant devenue trop petite pour cette grande communauté, ils prirent possession de la ferme voisine, la Valotière.

La Ruffelière n’est pas une ferme ordinaire car c’est un ancien château. En 1911, M. Gabriel de Goué en relata l’histoire. A cet effet, il y rencontra Augustin pour dresser l’état des lieux.

 Le château de la Ruffelière, vraisemblablement le plus important de la paroisse avait perdu de son importance dès avant la Révolution pendant laquelle il fut vendu nationalement, après avoir été saccagé par les Républicains et avoir servi plus d’une fois de quartier aux troupes des divisions de l’armée de Charette.

 Reconstruite au XVème siècle, sur les bords de la Boulogne, sans doute par Aliette de Polhay et son mari, le sire de Goulaine, la Ruffelière n’est désormais remarquable que par son immense cour fermée entourée de vastes servitudes. On accédait dans cette cour par un pont-levis et par un double portail, l’un pour les chevaux et les carrosses, l’autre pour les piétons. Ce portail existait encore en 1909, mais à cette époque, au mois de décembre, il s’est écroulé à la suite d’une forte gelée.Ce qui reste de l’ancien manoir sert d’habitation au fermier ; on y voit encore quelques pièces spacieuses qui étaient ornées de belles cheminées de granit  dont plusieurs ont été enlevées par le précédent propriétaire pour embellir son château moderne de la Savarière.

 La seigneurie de la Ruffelière qui relevait à foi et hommage de la châtellenie de Rocheservière eut pour propriétaires successifs :

 1. Jean De Polhais, chevalier, seigneur de la Ruffelière, est le premier seigneur de ce lieu dont nous ayons mention. Il n’habitait pas cependant son château ; il l’avait laissé pour demeure à un gentilhomme poitevin, sans doute son parent, Messire Jehan Regnaud de Montault. C’est ce que nous apprend ‘le rôle des vassaux nobles de Rocheservière sous la menée de Maurice de Volvire’, dressé par Jehan Colas, licentier en droit, vers 1410.

Le seigneur de la Ruffelière jouissait d’une réelle faveur près de Jehan V, duc de Bretagne, qui le nomma son chambellan, et près de la duchesse au service personnel  de laquelle il était attaché. En 1416 et 1417, il prit part à la guerre que le duc de Richemont, le futur connétable de

France, fit en Poitou, comme seigneur de Pouzauges. La Ruffelière fut alors pillée et brûlée par les Poitevins. Suivant une clause particulière du traité d’Angers conclu entre le duc Jehan V et le roi Charles VII « aura le d. Jehan de Polehay de l’argent du d. pays de Poictou la somme de trois cents livres, et au surplus lui est réservé à faire sa poursuite par voye de justice contre ceulx qui furent à piller sa maison de la Ruffelière ». Le seigneur de la Ruffelière mourut vers 1418. Il avait épousé une parente d’Olive Boterel, dame de Bougon et de la Berlaire, et il n’eut qu’une fille qui suit :

 2. Aliette de Polhay, dame de la Ruffelière, épousa Jean de Goulaine, chevalier, fils aîné du sire de Goulaine, dont elle devint veuve de bonne heure. Elle mourut fort âgée, vers 1442, sans doute à la Ruffelière, sa demeure habituelle.

3. Jean de Goulaine, fils aîné, chevalier, seigneur de Goulaine puis de la Ruffelière au décès de sa mère mourut en 1463, ayant épousé Marie de Saint-Gilles dont il eut :

4. Christophe de Goulaine mourut en 1492, laissant de Louise de la Jumelière :

5. Christophe de Goulaine, gentilhomme de la chambre du Roi, fit l’aveu de son fief de la Ruffelière à Renaud de Volvire, chevalier, seigneur de Rocheservière, le 20 mars 1493. Il épousa Claude de Montjean dont il eut trois fils qui possédèrent successivement les terres de Goulaine et de la Ruffelière.

6. François de Goulaine, tué en 1557;

7. Baudouin de Goulaine, tué en 1574;

8. Claude de Goulaine, chevalier de l’ordre du Roi, épousa Jeanne de Bouteville, dame du Faouet.

9. Jean de Goulaine, fils du précédent, né en 1565, avait épousé Anne de Ploeuc, laissant un fils et une fille qui vont suivre.

10. Gabriel de Goulaine, chevalier, fut baron du Faouët et seigneur de la Ruffelière. Il mourut en combattant les ennemis de la France en 1638.

11. Claude de Goulaine fut dame de la Ruffelière à la mort de son frère. Elle avait épousé Jean du Hay, seigneur du Berty et de Launay, conseiller au Parlement de Bretagne.

12. Jacob de Lespinay, écuyer, devint par acquisition seigneur de la Ruffelière vers le milieu du XVIIème siècle, et y fit entrer le protestantisme qui en avait été banni par ses prédécesseurs. Il épousa, le 16 décembre 1632, Anne de Tinguy, dont le manoir était voisin de celui de la Ruffelière, qui fut leur demeure habituelle.

13. Jacob de Lespinay, fils, abjura, le 4 décembre 1685, l’hérésie de Calvin et de Luther, « et ce fait à la maison de la Ruffelière à cause d’une blessure du d. seigneur à la tête ». De sa première femme Henriette de Goulaine, il eut :

14. Samuel-Florent de Lespinay, écuyer, épousa, le 30 janvier 1696, sa cousine Louise de la Bussière.

15. Louis-Jacob de Lespinay, fils du précédent, épousa le 7 juillet 1726 Marie des Nouhes. Il fixa sa résidence habituelle aux Essarts, mais mourut néanmoins dans son château de la Ruffelière et fut inhumé le 16 janvier 1764 en l’église de Saint-Philbert-de-Bouaine devant l’autel de Saint-Sébastien.

16. Samuel-Alexis de Lespinay fut baptisé aux Essarts le 1er juin 1727, et fut admis page de la Grande Ecurie du Roi. Il épousa le 11 août 1736 Marie-Louise Cicoteau.

17. Armand-François de Lespinay, troisième fils du précédent, mourut sans postérité. Ce fut le dernier seigneur de la Ruffelière car la République, ayant pris le vieux domaine, le vendit nationalement à Etienne-Jacques Sauvaget qui vint y demeurer.

 Revendue à Louis Bossis en 1811, la Ruffelière passa à la famille Billette de Villeroche par le mariage de M. Ernest Billette de Villeroche avec Mlle Marie Bossis. Leur fils, colonel d’artillerie en retraite, l’a cédé en 1908 à M. Briton de Saint-Nazaire.

 

Valentine témoigne de l'ancien temps

Il y avait un boulanger pour le bourg et quelques familles. Dans les villages, il y avait les fours qui appartenaient à plusieurs. Celui qui pouvait s’en faire construire un petit le faisait. Le four était indispensable, sacré comme une église.

  Dans les grandes fermes, on boulangeait une fois par semaine. C’était très fatigant. Il fallait se lever dès deux-trois heures solaires pour pétrir. Chauffer le four était souvent le travail du petit commis ou du valet. Il y avait un coup de main pour faire du bon pain comme aujourd’hui. Même aujourd’hui, il faut être maître dans l’art. Chauffé à point, on rangeait les braises de fournille(1) au pourtour du four avec un boute à grand manche. On balayait la cendre avec un balai de genêt à grand manche aussi. La pâte divisée en parts, on la faisait glisser sur une pelle en bois et on fermait la porte très dure pour conserver la chaleur. Ainsi on cuisait le pain.

Parfois, on préparait la galette tarte avec des prunes, des poires. Que c’était bon ! A la saison de tuer le cochon, d’octobre-novembre jusqu’à la fin mars, que de pâtés, de grillades, de côtelettes cuits au four, et toute la cuisine de cochonnaille : fressure(2), boudins, andouilles. Le soir, à la veillée, dans le voisinage, on allait manger la fressure chacun à son tour. On préparait des bottereaux(3) ou des tourtisseaux. Je dis que le lendemain, personne n’avait faim.

On chauffait aussi le four pour faire des conserves de poires d’hiver. On les passait plusieurs fois au four chaud. Ensuite, on les étendait au grenier. On les mettait un peu à tremper dans un pot à recuire avec un peu d’eau et de vin arrosés de sucre en poudre et d’eau-de-vie. C’étaient nos bananes, nos ananas et toutes nos crèmes d’aujourd’hui.

(1)  mélange d’arbustes et de ronces utilisé comme combustible              2) mélange de mie de pain et de sang de cochon cuit jusqu’à former une pâte ferme
(3) merveilles de carnaval

Valentine Voisneau-Roy  (221)  

Quelle histouère !

Je vas vous conter ine histouère, une histouère bé lourde de conséquence por tortout d’enteur vous.

O l’était avant l’hiver, quèque temps après la Toussaint. Ol’était y a longtemps, en cinquante-six. Pouet en dix-neuf cent cinquante-six ! En dix-huit cent cinquante-six !

En tiète époque, ô l’avait dière(1) de boulot dans les borderies. Aussi, la fouère de Veuilleveugne attirait bérède(2) de monde. Daus colporteurs de Nantes, daus marchands de nippes et de gueuneuilles de Montaigu, ine rétameur de Rochetorvère(3), daus charbonniers tot nouèrs de Legaïe(4), ine arracheur de dents, tortout font ine grande guerouée(5) sur la piace(6) de l’éguïse(7). O fait venir dau monde : les paroissiens de Veuilleveugne bé sûr, et pis des alentours. O l’avait aussi les valets avec un moché(8) attaché au bras, le cherchant à se gager.

O fesait pas fré(9), mais ô moillassait(10). Jeanne en était bé enniée(11). Al’avait mis ses plus bias atours por tiète occasion. Al’avait pour(12) d’être gueunée(13) avant le souère. Son frère Pierre l’avait emmenaïe à la fouère, pis le l’avait laissée por vouère le maréchal. Jeanne avait donc qu’à se pormeuner. Al’avançait parmi le monde.

Ol’est à tiau moment qu’ô s’est passé. Ine bande de gars s’en est venue. L’étiant bé énervés, l’aviant dû bouère tote la rabinaïe(14). V’la t-i pouet qu’un daus gars garoche(15) ine pierre. Jeanne prit pour et s’en recula. Bé oui, mais darrère(16), y avait un trou pien d’iau(17). A goya(18) ! Fallait la vouère patouiller ! Comme ôl’était tot gadouilloux(19), ses bots(20) s’étiant collés et ôl’est en chausses qu’â sortit du trou. Tiète pauvre Jeanne en était tote émoillée(21) et fesait bé pitié.

Quand le gars qu ’en était la caôse vit tiau désastre, le fit pas le fainéant : la prit dans ses bras, la souleva et l’emporta sur le devant de l’éguïse qu’était au sec. Jeanne en était ébobée(22). Comment tiau gars, qu’â connaissait pouet, un p’tit nouéraud, l’avait-i pouet porté dans ses bras devant le monde ! A se sentait bé et eut du regret quand il la posa à terre.

Le gars était bé ennié :

- Ol ‘est de ma faôte ! Pardonnez-me, madame.

- Ye sis une demoiselle, fit Jeanne.

- Ye peux ti vous aider ? fit le gars tot penaud.

- Aller donc chercher mes bots ! fit Jeanne en veuillant l’embarras dau gars et le parti qu’â pourrait en tirer.

 

Jeanne était pouet laide, vu de loin. Mais fallait pas y vouère la goule de près. Al’ avait eu la vérole. Le gars n’en vit rin car l’avait un p’tit trop bu. L’alla chercher les bots tot patés(23). L’étiant tot moillés dedans. « Vos povez pouet les mettre. Vos attraperiez un chaôd feurdi(24). Ye vas vous mener au sabotier. »

 Et le gars reprit Jeanne dans ses bras pis la porta vers l’atelier de Julien Duguy. Le marchait vite mais pouet trop d’aplomb. Alors Jeanne passa ses bras autour du cou dau gars. A trente-cinq ans, â désespérait de trouver un galant. Tiau coup, ô fallait pouet qu’âl’ lâche tiau là.

-Ye m’appelle Jeanne. Et ta ?

- Augustin. Augustin Roy.

- T’es pouet un paroissien ?

- Nan. Ye sis de Rochetorvère, de Soulette.

Le la posa sur un banc dans la boutique. Comme le sabotier beurdassait(25) avec ine mégère, Augustin enteurprit de s’occuper de tiète feuille(26) bé agralante(27). Sans façon, le remonta le cotion de Jeanne por enlever les chausses moillées. Pis li frotta les peutons avec de la sciure por les sécher. Jeanne achala(28) daus pieds à la tête. A se déjabota(29), ce qui fit bé piaisir à Augustin.

L’étiant acoubié(30) à jamais. Vos connaissez la suite. Le se marièrent en juin d’après et eurent bérède de descendants. Vos ne creuyez pouet mon histouère ? Portant, ye la tiens d’un gars qu’était à la fouère et qua tot vu. Ol’est l’arracheur de dents.

(1) guère  (2) beaucoup  (3) Rocheservière   (4) Legé   (5) bande   (6) place   (7) église    (8) mouchoir   (9) froid   (10) bruiner    (11) ennuyée (12) peur (13) trempée    (14) demi-journée   (15) lance (16) derrière   (17) eau    (18)  prendre l’eau dans les sabots   (19) boueux   (20) sabots    (21) embarrassée   (22) ébahie   (23) crottés de boue   (24) refroidissement   (25) causait énormément   (26) fille   (27) chaleureuse   (28) se réchauffa   (29) découvrit du cou à la poitrine   (30) accoupler

 

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